Le Cateau-Cambrésis : visite au musée Henri Matisse

Le Cateau-Cambrésis : visite au musée Henri Matisse

Dans le pays d’Henri Matisse

Henri Matisse est né le 31 Décembre 1869. Beaucoup voient Matisse comme un provençal. Perdu en Nice et Vence, dans les couleurs chaudes et exotiques du Sud. Pourtant, c’est bien au Cateau-Cambrésis, que celui-ci naquit. Si sa famille déménagea sur Bohain-en-Vermandois, où il grandit. S’il travailla à Saint-Quentin non loin de là également, c’est au Cateau que se trouve le Musée Henri Matisse de nos jours. Collection joliment présentée, lieu emprunt d’une histoire forte, je vous emmène sur les pas de cet artiste peintre connu pour être le chef de file du fauvisme.

L’Hôtel de ville et son Beffroi

Bienvenue au Cateau

Le Cateau Cambrésis, c’est une ville d’environ sept mille âmes, située non loin de Cambrai, à une vingtaine de kilomètres à l’Est. Elle est à une trentaine de kilomètre à l’Ouest de Valencienne. Et aussi à une trentaine de kilomètres au Nord de Saint-Quentin, dans les Hauts-de-France. Si son nom ne vous dit rien, il apparaît pourtant plusieurs fois dans l’histoire de France. Effectivement, en 1559, c’est dans cette ville que Henri II de France, et Phillipe II d’Espagne, signeront le traité du… Cateau-Cambrésis. Ce dernier, mettra un terme au conflit Franco-hispanique de l’époque. La ville sera rattachée à la couronne de France en 1678 par le traité de Nimègue.

La ville sera aussi marquée par la première guerre mondiale, lors de la bataille portant son nom, et subira également les bombardements durant la seconde guerre. Enfin Charles Seydoux, y bâtira une filature au XIXe, qui ira jusqu’à embaucher des milliers d’ouvriers, et contribuera à la renommé de la cité.

Le Cateau est une petite ville de campagne invitant à la promenade

Aujourd’hui

Aujourd’hui, c’est le musée Matisse qui fait la renommée de la cité, ainsi que sa brasserie locale, qui mériterai à elle seule tout un article. (Ce qui risque de devenir vite une réalité !). Pourtant, lorsque l’on déambule dans la ville, on remarque tout de suite l’écho entre ces deux clochers. D’un côté vous apercevez le beffroi de l’Hôtel de Ville. Car oui, nous sommes bien dans une ville du Nord. De l’autre celui de l’église Saint-Martin. Seul vestige restant de l’ancien Abbaye bénédictine Saint-André, dont la richesse des décors de la façade en fait un véritable bijou. L’intérêt de la collégiale toutefois se poursuit également à l’intérieur, avec les nombreuses sculptures, la tribune du grand orgue… Bref, vous l’aurez compris, il s’agit d’un détour à faire !

Le musée quant à lui prend place dans le Palais Fénelon. Il servira tantôt de refuge aux évêques de Cambrai, tantôt de filature à coton. Finalement, la ville le rachètera et y établira une école, un marché couvert et un jardin public. Ainsi caché sous ses vastes façades retravaillées, afin de donner le relief et la scénographie nécessaires, ce sont les collections de l’enfant du pays qu’on y retrouve. Matisse, mais aussi Herbin, et Tériade, comprenant des œuvres de Miro, de Chagall, ou encore de Giacometti, il y a de quoi voir. Car la collection n’a fait que s’étendre, et elle est loin la période où c’était à l’Hôtel de ville que cette dernière prenait place ! C’est une certaine douceur, un apaisement qui s’en dégage. Un endroit invitant à la méditation et à mon sens, particulièrement bien agencé et étudié pour présenter ces riches œuvres.

Vue sur le musée : L’école de fille, le portail du Palais Fénelon et l’ancien Marché Couvert
Au premier plan le Marché Couvert

Le Musée

Les collections

L’entrée du musée se fait par le centre de l’édifice. De l’autre côté se situe le Parc, que je ne pourrai malheureusement visiter cette fois. Due aux tempêtes de vent, il est fermé pour le week-end où j’y suis allé. Toutefois je vous le conseille, et à travers les vitres j’ai pu revoir ces grands moulages, rouges d’un certain William Sweetlove A voir donc !

Il se déroule également, au rez-de-chaussée, avant d’entrer dans les collections permanentes une exposition temporaire. En ce moment celle-ci s’appelle « La Créativité demande du Courage ». Cette dernière réunie en réalité des œuvres provenant d’élèves d’école d’Art de l’ensemble des Hauts-de-France. Aussi, de Roubaix à Saint-Quentin, en passant par Amiens et Valencienne, il y en a pour tous les gentilés, beaucoup de techniques sont aussi représentées. Alors du travail du textile, à la découpe laser, du collage à la sculpture, vous aurez de quoi régaler vos yeux.

Enfin à l’étage, ce sont les collections permanentes, Tériade, Herbin et bien évidemment Matisse.

L’exposition temporaire met en avant des élèves des écoles d’art des Hauts-de-France

En immersion avec Herbin et Tériade

Je ne vous dévoilerai pas tout évidemment du musée, juste quelques points qui m’ont énormément plu. Car en vérité oui, j’ai adoré errer, et me promener dans ce musée. Je le trouve réellement très bien « scénographié« . Si certains déplorent, que la visite se fasse d’abord par l’immersion dans les univers de Tériade et d’Herbin. J’ai en réalité trouvé cela bien judicieux. Effectivement l’on se retrouve dans l’univers des amis d’Henri. On se retrouve plongé dans cette époque ou l’art change, l’art s’interroge et se voit pousser vers de nouvelles formes d’expressions. Une remise en question majeure qui viendra inspirer certains Picasso, Giacometti, Chagall, ou Miro.

Alors j’ai aimé oui, voir les copies des vitraux d’Herbin, refléter mille couleurs dans l’univers si apaisé du musée. Également, ce monde de mots et de couleurs qu’il sous-entend à travers son œuvre géométrique. Aussi j’ai aimé l’univers intimiste de Tériade, mis en valeur par Alice sa douce femme. Le mélange cette fois, de la littérature, de celles des plus grands auteurs, avec la poésie certaine des plus grands peintres et illustrateurs. L’irréelle confrontation d’un des plus grands éditeurs, et de sa collection d’arts tout à fait stupéfiante à l’image des livres rares qu’il a su mettre en page. Finalement doucement, ce sont vers les couleurs et les traits simplifiés de Matisse que l’on glisse.

La beauté d’un piano, mise en valeur par les lumières chatoyantes d’un vitrail d’Herbin

Le Fauviste : Matisse

En réalité, c’est toute la carrière de l’artiste que vous pourrez admirer en arpentant les couloirs et les salles du musée. Organisé de manière chronologique, des objets, des tableaux, des sculptures jusqu’aux maquettes de la Chapelle du Rosaire à Vence. C’est le réel condensé de la vie de Matisse qui est ici résumé. Depuis son apprentissage dans le Nord, jusqu’aux paysages ensoleillés du Sud. Des couleurs avec lesquelles il peint les Odalisques, aux nuances qu’il mettra dans les lignes épurées. Lesquelles deviendront sa patte, sa signature.

Des matières, aux sons de ses pas qui vous accompagneront, guidés par la lumière tranquille du musée mise en relief par l’architecture au service de la scénographie. Tout cela se ressent, et se vit. Aussi, pour donner encore plus d’aventures à ce musée. Afin de caresser du bout des doigts notre siècle, les étudiants de l’école de Design et d’Art d’Amiens, ont mis en place via l’application Artivive, des scènes de réalités augmentées. Permettant à tous d’avoir l’impression magique de faire partie des œuvres.

Une palette ayant appartenu à Henri Matisse

Le Jardin

C’est un vrai coup de cœur en réalité, même si je dois avouer que je ne suis pas le premier fan de Matisse. Accrocher au musée n’est vraiment pas dur encore une fois, de sa scénographie à son contenu, il est réellement aisé de s’y retrouver quelques soient ses affinités avec l’art de manière générale.  Enfin, je regrette vraiment amèrement malgré tout le parc fermé. L’ayant déjà parcouru pourtant, je ne peux que me remémorer ce jardin décoré en ce moment de l’art de William Sweetlove. Ce jardin, très épuré invitant sincèrement à se plonger dans les délices d’une méditation. Surtout, surtout, après avoir parcouru le musée comme il se doit. Cela devrait vous prendre environ 2 heures, voir plus. Mais j’avais gardé cependant une pièce dans ma manche, un petit secret. Oh, je vous l’aurai dévoilé n’ayez craintes ! Mais je ne pensais pas tant vous le dévoiler maintenant !

Et en s’en allant vers mon « secret »…

La piscine

Comment ça la piscine ? Oui, oui ! Vous avez très bien lu la piscine. L’espace Maurice Thuru, se situe à une quinzaine de minutes à pied du musée. Réouvert récemment, il vous permet d’admirer l’ancienne piscine, requalifier en piscine de plein air. Ayant conservé plongeoir, toboggan, ainsi que quelques cabines et l’ancienne cheminée. C’est un joli parc qui s’offre aux promeneurs. Atypique avec ce cadre sorti des années 50-60. C’est comme se retrouver tout à coup dans un film de Jacques Tati, je pense surtout à « Mon Oncle » en fait et cette scène d’ouverture assez surréaliste. Voilà encore un détour à faire alors, pour prendre l’air d’un autre temps. Pour vous laisser transporter encore plus dans la poésie de cette ville, qui marqua Matisse pour sa vie.

La piscine mise à l’air
La profondeur de la piscine a été revue entre 50 et 80 centimètres. Des morceaux de pierre tranchants jonchent toutefois le fond afin de dissuader d’éventuels baigneurs (la baignade étant évidemment interdite…)
Posez vous un instant sur un bain de soleil et profitez de ce cadre atypique, idéal pour écrire des scénarios absolument irréel

Le mot de la fin

Ainsi vous connaissez un peu mieux maintenant cette ville du nord, un peu discrète et qui pourtant d’après Picasso lui-même, abrita un temps « son ami et son plus grand rival. ». Ainsi vous découvrez un peu de cette ambiance particulière, chaleureuse et ancienne qui anime cette région que je connais si bien. Depuis l’histoire qui la forge, aux poèmes qui la courent. Du marché aux chevaux, jusqu’à la Brasserie de l’Abbaye, où il faut vraiment que je vous emmène. Venez prendre un bain de couleurs, un bain de peinture et de culture au Musée Matisse du Cateau-Cambrésis.

Je vous inviterai bientôt à découvrir l’intérieur de la Brasserie de l’Abbaye 😉
Alex, 30 ans. Rêveur à temps plein, poète entre les cases.

One thought on “Le Cateau-Cambrésis : visite au musée Henri Matisse

  1. Merci Alex pour ta visite au musée. Tes photos sont magnifiques et et tes mots invitent à redécouvrir Le Cateau. On attend un article spécial brasserie aux odeurs de malt !

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